Soutien aux jeunes victimes de harcèlement ou d’homophobie à l’école

Le ministre de l’Éducation nationale a visité le lycée professionnel Hector Guimard à Paris pour lancer une campagne contre l’homophobie et la transphobie dans les écoles. Il est basé sur la devise « Tous égaux, tous alliés » et est soutenu par des affiches, des brochures, des réseaux sociaux et du matériel pédagogique pour les équipes d’enseignants. Pour Gabrielle Richard, chercheur à l’Observatoire universitaire international de l’éducation et de la prévention de l’Université de Paris-Est-Créteil, ce type d’action est plus que nécessaire.

Les attaques homophobes dans les écoles ont-elles augmenté ces dernières années ?

Le rapport sur l’éducation inclusive et l’accès à la santé pour les LGBTI+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, intersexuels, etc.) Les jeunes que j’ai récemment publiés rapportent que 51,78 % des jeunes LGBTI+ en France déclarent avoir été moqués, taquinés, insultés ou menacés à l’école en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre (réelle ou présumée). Les proportions globales sont les suivantes : un jeune sur deux déclare avoir subi des violences verbales, un sur dix des violences physiques et un sur trente des violences sexuelles.

Ce sont des pourcentages élevés, mais ils ne surprendront pas tous ceux qui travaillent ou travaillent dans une école. On continue à banaliser les insultes et les comportements homophobes, sous prétexte qu’il s’agit simplement de la façon dont les jeunes interagissent entre eux, à un âge où les interactions sont précisément sexospécifiques, sont désireux de prouver leur hétérosexualité à leurs pairs. Ce contexte contribue largement à « s’excuser » de l’homophobie. . . Cependant, cela a des implications très réelles sur l’éducation scolaire et le sentiment de sécurité dans les écoles pour les jeunes LGBTI.

Quelles sont les conséquences pour les victimes ?

Les effets de l’homophobie sont similaires aux autres types de violence à l’école, à l’exception du fait que les jeunes LGBTI+ sont souvent incapables de compter sur le soutien familial par défaut. Les jeunes qui ont subi des dommages signalent un faible sentiment de sécurité dans leur école. Cela a un impact sur leur réussite scolaire (faible sentiment d’appartenance à l’école, absentéisme plus élevé, capacité de concentration réduite, moins bons résultats scolaires, taux d’abandon plus élevé, difficultés à se projeter dans l’enseignement à moyen ou long terme, etc. ) et sur leur santé mentale (faible estime de soi, symptômes de sevrage, anxiété, symptômes dépressifs, pensées suicidaires, voire tentative de suicide) .

Quel est le profil des élèves agresseurs ? 

Cela varie en fonction du type de violence. Les garçons ont tendance à être plus impliqués (à la fois comme auteurs et comme victimes) dans les violences physiques et les insultes, tandis que les filles sont plus susceptibles d’être victimes d’abus ou de rumeurs sur leur réputation. Si cette violence à l’école est homophobe ou transphobe, elle est pré-sexe. En d’autres termes, ils punissent ceux qui sont perçus par leurs pairs comme des ratifications inappropriées des attentes en matière de genre.

Dans le cas des garçons, ces accusations ont tendance à se concentrer sur une masculinité perçue comme inappropriée, qui est perçue comme « trop » féminine ou homosexuelle (ces deux termes sont souvent utilisés sans discernement par les jeunes).

Dans le cas des filles, ce n’est pas tant le lesbianisme éventuel qui est considéré comme un problème, mais le « corps inadéquat », c’est-à-dire une apparence physique (taille, poids, poitrine, vêtements) qui est considérée comme inadaptée pour une fille.

Comment les responsables d’établissement peuvent-ils agir ? Quels sont les outils mis à leur disposition ?

L’homophobie et le sexisme vont généralement de pair. Une institution qui subit des violences homophobes verra des commentaires sexistes ou dégradants sur les filles et les femmes et vice versa. Afin d’améliorer le climat scolaire à cet égard, il n’y a pas une mesure unique, mais une série d’actions qui seront développées à long terme par l’ensemble du personnel scolaire. Il existe un réel problème de formation, tant pour les enseignants que pour les étudiants. Les interventions menées par les associations LGBT pour démystifier les questions LGBT portent leurs fruits, mais elles ne sont que ponctuelles.

De véritables cours d’éducation sexuelle, allant au-delà des trois sessions annuelles recommandées par le ministère de l’éducation nationale, pourraient être un moyen d’investir dans ce domaine. Les politiques de tolérance zéro pour les manifestations de violence dans les écoles doivent également être appliquées et inclure explicitement les violences sexistes, homophobes et transphobes. On peut dire que le système éducatif national échoue actuellement dans sa tâche de fournir des cadres concrets de formation et d’intervention, comme on peut le voir au Québec et au Royaume-Uni.